Il n’y a presque plus rien de lisible sur l’acte de naissance du port de Rouen et pour cause. Son histoire remonte à l’Antiquité.
L’emplacement a de tout temps été idéal pour les transports de marchandises et les échanges économiques de toutes sortes. L’Empire romain l’a longtemps utilisé pour rallier ses provinces de Bretagne, l’Angleterre actuelle. Il le fallait bien pour vendre le marbre italien, les vins français ou l’huile d’olive espagnole.
Quelques siècles plus tard, l’heure n’était plus au marchandage mais à la survie. Les Vikings pillent la ville dès 841. Un de ses seigneurs, Rollon – Rolf le marcheur à l’origine, pour l’état civil scandinave – range le glaive et exhibe les deniers. Des entrepôts sont installés afin de faciliter le fret provenant de la Baltique et de la Méditerranée, le commerce est florissant et le sera plus que jamais du temps de Guillaume le Conquérant.
Pendant trois siècles, Rouen est la capitale des Ducs de Normandie. Au Moyen Âge et jusqu’au XVIIIe siècle, de grands noms de la navigation développent un peu plus l’ampleur commerciale. L’Afrique, les Antilles, le Canada sont à portée. Des expéditions ambitieuses sont élaborées. Certaines d’entre elles sont épiques et figurent désormais dans les livres d’histoire, comme celle du Rouennais René-Robert Cavelier de La Salle (1643-1687), explorant l’Amérique du Nord, reconnaissant le cours du Mississippi et fondant la Louisiane, baptisée ainsi en l’honneur du roi Louis XIV, parfaitement indifférent à cette découverte.
Le XIXe siècle est synonyme de grandes transformations pour le port. Des travaux importants sont entrepris à différentes périodes qui lui permettent d’accueillir de grands navires de mer. Le trafic ne cesse d’augmenter. Bien plus tard, la Première Guerre mondiale l’accroît encore plus grâce aux importations de charbon anglais. Il est vrai que la ville est une base arrière qui alimente intensément le front de la Somme. Après le conflit, Rouen devient le premier port français, et ce, jusqu’aux années 30. Mais lorsque la Seconde Guerre mondiale survient, avec son lot de bombardements et de destructions, le port subit plusieurs désastres qui nécessiteront une reconstruction presque totale. Il en résulte de nouvelles destinations pour les marchandises : l’Amérique du Sud ou l’océan Indien notamment.
Le développement des infrastructures portuaires continue avec les années 60 et font évoluer le trafic. Les cales des bateaux sont remplies à ras bord de farines, sucres et produits pétroliers. Mais c’est surtout par sa maitrise des céréales que Rouen se distingue. Le port est le premier exportateur européen et le reste au fil des décennies. Dernièrement, la guerre en Ukraine a consolidé ce statut en lui ouvrant de nouveaux marchés, celui du Mexique ou de l’Algérie par exemple. Il est aussi important de marquer l’année 2012 d’une pierre blanche. Elle correspond à la création du Groupement d’Intérêt Économique HAROPA, l’acronyme correspondant aux premières lettres du Havre, de Rouen et de Paris, trois villes alliant leurs forces pour renforcer leurs domaines logistiques, industriels et touristiques, tout en respectant les devoirs du développement durable.
Comme la Seine, l’histoire du port de Rouen est toujours en mouvement. Les anecdotes qui la ponctuent convoquent des figures aussi célèbres que Napoléon, dont les cendres passèrent en 1840 ou la statue de la Liberté, qui embarqua à Rouen quinze ans après. L’Armada continue à écrire le grand livre du port de Rouen à chaque édition, et ce depuis la première en 1989, avec ses navires originaires de tous les horizons et surtout avec la ferveur populaire qui ne se dément jamais.