La bataille de Normandie a marqué la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais qui connaît vraiment son dénouement en août 1944 sur les rives de la Seine ? A Duclair, au château du Taillis, un musée nous plonge dans l’enfer de ces derniers combats.
Pour beaucoup d’observateurs, la bataille de Normandie a commencé avec le Débarquement du 6 juin 1944 et s’est terminée le 21 août, après les sanglants combats de la poche de Falaise. Mais que s’est-il passé ensuite ? Pour le savoir, direction le château du Taillis à Duclair où son propriétaire, Nicolas Navarro, collectionneur invétéré et passionné de cette période de la guerre a créé un musée dédié dans une dépendance du château. « Les troupes allemandes sont remontées et se sont retrouvées bloquées par la barrière géographique de la Seine où la plupart des ponts avaient été détruits et beaucoup de bacs étaient hors d’usage », explique-t-il. Quelque 250 000 soldats, au milieu desquels se glissent miliciens et collabos convergent alors vers le fleuve dans un sauve-qui-peut généralisé. A 70 endroits, ils tentent tant bien que mal de passer de l’autre côté, en jetant à l’eau tout ce qu’ils trouvent : ponts flottants, barges, radeaux… Ils prennent tous les risques et traversent à la rame ou même à la nage, ignorant les courants et dans l’espoir d’atteindre l’autre rive, tandis que l’aviation et l’artillerie alliées pilonnent en continu la zone. Dans cette invraisemblable déroute, le bac de Duclair remis à flot joue un rôle décisif. Sur les derniers jours d’août, et dans un va-et-vient incessant nuit et jour, 30 à 40 000 hommes parviendront ainsi à s’échapper emportant même avec eux quelque 5 000 véhicules et blindés.
Finalement, la bataille de la Seine sera plutôt un succès pour les Allemands, la plupart réussissant à franchir le fleuve mais sans parvenir toutefois à se réorganiser une fois sur la rive droite, ce qui explique ensuite la progression rapide du front allié. Pour Nicolas Navarro, « cet épisode pourtant très marquant est resté étrangement méconnu et toujours rarement évoqué ». C’est donc pour réparer cet oubli qu’il a créé son musée intitulé de façon évocatrice Août 1944 : l’enfer sur la Seine. Y sont exposés différents matériels au fil de scènes reconstituées, des objets rattachés à des histoires individuelles, des photographies de la Libération de Duclair, des témoignages émouvants. Tous parlent à leur façon de cet enfer qu’a été la Seine durant ces quinze derniers jours d’août 1944.
