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Avant les travaux d’endiguement, de nombreux travailleurs dépendaient de la Seine et les berges accueillaient des petits métiers, aujourd’hui disparus.

Longtemps, les habitants des deux côtés du fleuve ont tiré parti de cette proximité avec l’eau. Avant les travaux d’endiguement au XIXe siècle, le lit de la Seine était plus large et les îles nombreuses. Les échanges étaient quotidiens entre les deux rives. Des passages d’eau étaient aménagés presque tous les 4 kilomètres, plus au moins officiellement, car certains paysans louaient des barques pour aider les gens à traverser. Les Ponts et Chaussées, administration créée en 1716, ne les ont gérés qu’à partir du début du XIXe siècle. 

Les métiers exercés alors en lien avec la Seine et la navigation ont pour beaucoup d’entre eux disparu. Les pêcheurs professionnels étaient nombreux mais ils ont abandonné le fleuve dans les années 1950. A l’aide d’une nasse ou d’un filet, ils pêchaient plusieurs espèces : saumons, éperlans, esturgeons, anguilles… Ces poissons étaient vendus à la criée, à Duclair, à Rouen… tout le long du fleuve. En 1900, ils étaient encore 3 000 professionnels et leur pêche était appréciée en dehors de la Normandie. Aujourd’hui, il ne reste que la pêche de loisirs. La commercialisation et la consommation des poissons est interdite, pour des raisons sanitaires.

Par le passé, les haleurs étaient tout aussi nombreux que les pêcheurs. Munis d’un harnais, la « bricole », ils remontaient les bateaux avec un câble, parfois aidés de chevaux et empruntaient les chemins de halage, de nos jours toujours arpentés le long du fleuve, mais par des randonneurs. Les débardeurs travaillaient avec les haleurs, en tant qu’ouvriers qui déchargeaient les marchandises des bateaux. Ils étaient parfois également aidés d’animaux de trait.

Avant qu’ils ne soient asséchés en partie, des marais communaux bordaient la Seine. Les paysans emmenaient fréquemment leurs troupeaux paître dans ces espaces à usage de pâturage collectif. A Rouen, on vendait au XVIIIe siècle un met réputé, les « veaux de rivière », une viande de qualité, bien grasse.

Cette Seine laborieuse n’étaient pas uniquement masculine. Les lavandières, toujours des femmes, utilisaient le fleuve pour laver sur commande le linge à des endroits où l’eau était peu profonde. Elles étaient outillées de brouettes et de seaux et œuvraient parfois sur des bateaux. C’était un métier pénible, surtout l’hiver.

Toutes ces scènes de la vie du fleuve ont été décrites dans des livres, par exemple Flux et reflux de la Seine normande d’Armand Billard ou peintes par des artistes. Emile-Louis Minet est l’un d’entre eux. L’Appel au passeur, La Pêche à la violette, La Levée des nasses, La Traversée sont des toiles exposées dans les musées d’Elbeuf, de Louviers et des Beaux-Arts de Rouen.