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Introduite par les Romains en Normandie et développée à partir du Moyen-Âge, la culture de la vigne avait quasiment disparu de ce territoire au XXe siècle. Discrètement, elle fait son retour aujourd’hui dans la vallée de la Seine. Le début d’une nouvelle aventure ?

A Freneuse, près d’Elbeuf, au domaine Saint-Expedit, Edouard Capron s’apprête en 2023 à commercialiser ses premières bouteilles : suite logique d’une histoire commencée en 2016, lorsque cet ancien commercial dans le milieu du vin décide de se lancer dans la production. Et tant qu’à produire, autant que ce soit en Normandie, là où il habite ! Le défi était de taille. « Je suis parti d’une page blanche » reconnaît-il, « mais on a produit du vin en Normandie pendant un millénaire, il n’y avait pas de raison  pour que les conditions ne soient pas réunies ! » A partir d’anciennes cartes d’implantation des vignobles, Edouard Capron finit par identifier une parcelle de 2 hectares à Freneuse, bien exposée sur la pente, et il y teste plusieurs cépages pour n’en retenir finalement que trois : un gris (le Fromentel), un blanc (le Chenin), un noir (Pinot noir). Puis il se lance dans la vinification.  Chaque année à la Saint-Expedit (qui fait l’objet à Freneuse d’un culte spécifique), les amis, les voisins, les curieux participent aux vendanges, jusqu’à cette cuvée 2022 qui marquera l’aboutissement de toutes ces années d’efforts : « faire du vin est un processus long ! »

A l’autre bout du département, Ludovic Messiers est lui aussi un pionnier. Après avoir connu différentes régions viticoles, il plante des vignes e 2014 au Havre, sa ville d’origine, sur des micro parcelles bien situées, sur les coteaux de Sainte-Adresse puis de Graville notamment et développe sa propre marque LM Effervescence. Exploiter un vignoble en bord de mer : le pari semblait un peu fou et pourtant le résultat est là, avec un vin aujourd’hui reconnu pour sa qualité. De là à faire du département une terre viticole ?  Pour Ludovic Messiers, « les terrains propices sont limités à des parcelles bien exposées sur la costière et à condition de prendre le bon cépage ». Pour lui : le Chardonnay est une valeur sûre. Il n’empêche, « le métier reste à haut risque et nécessite de la passion et de la patience ! »

Malgré tout, les expériences des uns font naître des idées chez d’autres. Sur les hauteurs de Rouen, des vignes ont été plantées il y a 7 ans à Bois-Guillaume, puis à Bihorel et Mont-Saint-Aignan et à Saint-Pierre-de-Manneville, un groupe de passionnés s’est lancé en 2022, année qui a vu également le lancement de l’association des Vignerons de Normandie. Ainsi, si le vin de Seine n’est pas encore pour demain, la vallée, avec ses coteaux calcaires bien drainés et son climat doux, a néanmoins de beaux atouts.