Aller directement au contenu

Tous les fleuves s’écoulent vers la mer, chacun le sait. Et pourtant, à y regarder de près, l’eau semble parfois remonter curieusement le cours de la Seine. D’où vient donc cette bizarrerie ?

Il faut aller en chercher l‘explication dans le phénomène des marées qui affecte le fleuve dans toute sa partie aval, au contact de la mer. C’est même précisément ce qui définit un estuaire : l’influence de la marée, et non la salinité. Dans le langage courant, l’estuaire se confond souvent avec l’embouchure, mais dans la réalité, celui-ci couvre une zone géographique bien plus vaste. S’agissant de la Seine, il remonte ainsi sur pas moins de 160 km dans l’intérieur des terres, jusqu’au barrage de Poses qui stoppe la marée artificiellement ; tandis que les eaux salées, elles, s’arrêtent bien avant, à la hauteur de Vieux-Port.

Comment ça marche ? La marée a pour effet de faire varier le niveau d’eau du fleuve selon un cycle qui se déroule invariablement en quatre phases et deux fois par jour. En premier lieu, l’onde pénètre dans le cours d’eau – c’est le flot ou flux – et mettra environ six heures pour arriver à Rouen. C’est à ce moment-là que la Seine donne l’illusion de couler vers l’amont. Le niveau de l’eau monte alors progressivement vers la pleine mer ou marée haute. Puis le courant s’inverse et le fleuve se vidange vers l’aval – on parle du jusant ou du reflux – jusqu’à atteindre son niveau minimum de basse mer. Surveillée par un réseau de 18 marégraphes implantés le long des berges et gérés par Haropa Port, la hauteur de l’eau varie donc continuellement et peut grimper de 3 mètres à Rouen entre la marée basse et la marée haute, et même de 8 mètres à l’embouchure. De nombreux paramètres, parmi lesquels les phases ou la position de la lune, influent par ailleurs sur l’amplitude de ces marées qui quotidiennement agitent le fleuve, alternant faibles (mortes-eaux) ou forts coefficients (vives-eaux). Longtemps, le flot ne passa pas inaperçu des riverains, surtout aux grandes marées où l’onde – appelée alors mascaret pouvait être spectaculaire et dépasser les 2 mètres de hauteur atteignant une vitesse de 25 km/h ! Aujourd’hui, les aménagements de la Seine l’ont rendu plus discret, mais, pour les curieux qui s’attardent à flâner sur les berges, il se trouve toujours un moment de la journée où la Seine coule bien dans l’autre sens.