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Dotée d’une parfaite connaissance du fleuve et pleine d’assurance, Catherine Cornu embarque sur d’impressionnants navires pour guider les capitaines. Pionnière en France, la pilote de Seine a toujours su mener sa barque.

Catherine Cornu a grandi à Asnières-sur-Seine avant de gagner la Seine-Maritime. Lien naturel entre cette commune de région parisienne et le département normand, la Seine était déjà présente dans son enfance, mais rien ne laissait présager qu’elle constituerait son cadre de travail. Son père restaurateur et sa mère coiffeuse ne baignaient pas dans le milieu. En revanche, le grand-père paternel fut charpentier de marine. C’est toutefois le hasard d’une documentation qui décida la jeune bachelière, voguant au gré de ses envies. « Je ne me voyais pas travailler à l’usine ou dans un bureau. J’ai tenté un concours que j’ai réussi et me voilà entrant à l’internat de l’Hydro. C’est le nom donné à l’époque au site havrais de l’École Nationale Supérieure Maritime, qui forme les officiers de la marine marchande. Plus que le voyage, c’est la polyvalence qui m’a attirée. »

Navigation. Pour son premier stage, la jeune femme embarque deux mois sur un charbonnier vers l’Afrique du Sud. Elle monte ensuite à bord du vraquier Cetra Corona et l’aventure se poursuit sur d’autres porte-conteneurs assurant le transport de marchandises diverses : blé, sucre, céréales, véhicules, grumes… « J’ai principalement parcouru toute la côte ouest de l’Afrique, évoluant dans un univers masculin où j’ai ma place. Je n’ai jamais eu de soucis et j’ai toujours été payée comme les hommes. » Après une dizaine d’années de long cours, changement de cap. Catherine Cornu relève un nouveau défi et devient pilote de Seine en l’an 2000. « J’étais alors la première femme en France à exercer ce métier de pilote maritime. Pendant longtemps, j’étais la seule. En 2014, une deuxième a été recrutée en Martinique et la troisième officie en Bretagne depuis 2021. La féminisation a encore du chemin… »

Pilotage. Suite aux années de formation pour maîtriser tous les types de navires empruntant l’axe, Catherine Cornu varie les plaisirs et les difficultés. « Je prends le contrôle de « petits » bateaux de 82 mètres de long comme de capesize qui en mesurent 292 sur une largeur de 45. Les pilotes de Seine sont les experts du lieu. Concrètement, j’embarque aux côtés des commandants pour les guider en toute sécurité depuis la mer, de la rade du Havre jusqu’à Rouen, et conduire les manœuvres d’accostage ou d’appareillage. La station de pilotage de la Seine, que j’ai présidé de 2016 à 2019, se charge également des ports de Dieppe et de Caen. » Au fil des ans, Catherine Cornu a vu son activité évoluer avec les progrès technologiques et la massification du trafic commercial. « C’est un métier formidable où l’on apprend continuellement. Au contact d’équipages de toutes nationalités, je joue un peu le rôle de guide touristique pour accompagner les magnifiques paysages traversés, un spectacle dont je ne me lasse pas. » En juin, les cinquante-trois pilotes de la station seront mobilisés pour la montée des bateaux de l’Armada et le défilé de la Grande Parade. « C’est toujours exceptionnel. Pour qu’il n’y ait pas de jaloux, on procède à un tirage au sort pour la répartition des navires. » Catherine Cornu a déjà hâte de fouler le pont de l’un de ces précieux géants des mers.